Un ponte de la pharma à la tête du plus grand groupe de médias de Suisse
Diriger une entreprise pharmaceutique en même temps qu’un grand quotidien national en pleine pandémie? Un mélange des genres qui ne choque personne.
Vendredi 22 novembre se tenaient les annuelles Assises de la presse et de la démocratie, dans la région genevoise. Parmi les orateurs de marque, le special guest Etienne Jornod, présenté ainsi: Président exécutif et copropriétaire de OM Pharma, Président de la NZZ de 2013 à 2023. D’après son site internet, OM Pharma est notamment leader dans la prévention des infections respiratoires.
Lors de la plus grande crise sanitaire du siècle, nous avions donc un entrepreneur spécialisé dans la pharma, qui a bâti une carrière dans ce domaine, à la tête du NZZ-Mediengruppe, le plus important groupe de presse du pays, et cela n’a pas soulevé la moindre question dans l’assistance. Pas la moindre petite once de curiosité ne s’est exprimée lors de l’échange organisé après la prise de parole d’une bonne demi-heure de l’entrepreneur touche-à-tout.
Il faut dire qu’Etienne Jornod a livré une démonstration impressionnante de la façon dont on permet à un média de réussir son tournant numérique. La recette magique? «Il faut réussir à créer une dépendance», a-t-il dit, face à des journalistes subjugués, voire admiratifs. Une recette que l’on peut manifestement appliquer à toutes les sauces!
Cette anecdote m’en a évoquée une autre, rapportée par une de mes amies, ancienne chroniqueuse à la NZZ Am Sonntag, qui n’est pas sans rapport: après dix ans de bons et loyaux services, cette chroniqueuse a appris que la collaboration s’arrêtait, du jour au lendemain – et surtout que l’on n’aurait pas besoin de son prochain papier déjà commandé – par une missive particulièrement désagréable. Et ce, quelques jours après qu’elle a accroché Novartis dans un billet lors de l’affaire de Prangins, en 2011.
Contactée pour savoir si Novartis faisait partie des sponsors de la NZZ, celle-ci a répondu: «Nous ne pouvons malheureusement pas vous donner d'informations sur les réservations de nos clients.»
Tout ceci ne devrait-il pas nous amener à interroger l’influence de la pharma en Suisse? Ou peut-être la réponse coule-t-elle de source au point de ne même plus susciter la curiosité des journalistes?
Bravo Amèle, continue à dénoncer ces conflits d'intérêt ! Je continue de mon côté en Belgique francophone...