Fiasco Covid: pas d’oubli sans pardon
Pour ceux qui ont été victimes de discrimination pendant la crise sanitaire, il est impossible de «passer à autre chose» tant que leur souffrance, qu’ils jugent inutile, n’aura pas été reconnue.
«A la lecture de cette décision, j’ai vu mon mari dans une allégresse qu’il n’avait pas manifestée depuis trois ans». La décision dont me parle cette amie, c’est celle du Tribunal fédéral, la plus haute instance judiciaire de Suisse, qui vient de confirmer que la Radio télévision suisse a bien violé le principe de pluralité des opinions dans un de ses reportages diffusé pendant la crise Covid.
«Le reportage ne donne guère la parole aux opposants à la loi Covid et donne par trop l'impression que lesdits opposants sont majoritairement rustres et violents, peut-on lire dans l’arrêt qui vient entériner un jugement de l’AIEP contre laquelle la RTS avait fait recours. Il ne relève pas suffisamment le fait que les opposants à la loi Covid ne se réduisent en aucun cas à des théoriciens du complot et à des personnes enclines à la violence.»
Comme le mari de mon amie – heureux que l’on reconnaisse officiellement qu’il n’est ni rustre, ni violent – les opposants aux mesures Covid sont nombreux à exprimer le fait qu’ils ne pourront jamais oublier ce qu’ils ont subi pendant cette période et qu’ils ne passeront pas à autre chose tant que des excuses n’auront pas été formulées par le gouvernement et par les médias.
Les premiers ont empêché les enfants d’aller à l’école, d’avoir la moindre activité nécessaire à leur développement, il a enfermé les personnes âgées, précipité des milliers de gens dans la précarité, leur a empêché d’enterrer dignement leurs morts, d’assister à l’accouchement de leurs enfants. Il les a masqué, effrayés quotidiennement, leur a reproché de mettre leurs aînés en danger, forcé les commerçants à s’aliéner leurs propres clients, puis a créé des sous-classes de citoyens en les contraignant indirectement à la vaccination.
Quant aux seconds, ils ont insulté, diffamé, stigmatisé tous ceux qui osaient exprimer leur désaccord avec ce qui précède. Ils ont entretenu un climat délétère dans la population. Tous les jours, les rédactions diffusaient le nombre de «cas» sans même savoir exactement ce que cela signifiait.
Alors que l’on se rend compte progressivement qu’il est un peu étrange que la grippe ait complètement disparu pendant cette période, tandis que l’on arrive gentiment à la triste réalisation que les conséquences des mesures prises sont hautement plus graves que la maladie elle-même, on devrait passer l’éponge et tout oublier?
Excuses publiques et déni systémique
Le 11 juin 2021, le rédacteur en chef du journal allemand Bild, Julian Reichelt, a présenté ses excuses au public pour son traitement anxiogène de la crise Covid dans une vidéo. Il affirmait notamment:
«Je veux exprimer ici ce que ni notre gouvernement, ni notre chancelière n’osent vous dire: nous vous demandons pardon pour avoir fait de vous, pendant un an et demi, des victimes de violences, de négligences, d’isolement et de solitude. Pardon pour cette politique et cette couverture médiatique qui, comme un poison, vous a inculqué le sentiment que vous étiez un danger mortel pour la société»
«Quand un Etat vole ses droits à un enfant, il doit prouver que, par là, il le protège contre un danger concret imminent. Cette preuve n’a jamais été apportée. Elle a été remplacée par de la propagande présentant l’enfant comme un vecteur de la pandémie. Ceux qui voulaient détruire cette propagande n’ont jamais été invités à la table des experts.»
Le 7 janvier 2022, le journal danois Ekstra Bladet publiait sur son site des excuses publiques à l’attention de ses lecteurs pour ne pas avoir été suffisamment vigilant dans son traitement de la crise sanitaire. Voici la traduction d’une partie du texte publié:
«Nous avons observé les fluctuations du pendule des chiffres concernant les personnes infectées, hospitalisées et décédées à cause du Covid. Et nous nous sommes fait expliquer la signification des moindres mouvements par des experts, des politiciens et des autorités qui n'ont cessé de nous mettre en garde contre le monstre Covid qui sommeillait sous nos lits. Un monstre qui n'attend que notre endormissement pour frapper au cœur de la nuit.
La vigilance constante a fait payer un lourd tribut à chacun d'entre nous. C'est pourquoi nous - la presse - devons également faire le point sur nos propres efforts. Et nous avons échoué.
Nous n'avons pas été assez vigilants au moment d'exiger des autorités des réponses sur ce que signifiait réellement le fait que des personnes soient hospitalisées à cause du Covid ou pas. Parce que cela fait une différence. Une grande différence. Pour être précis, les chiffres officiels des hospitalisations ont été annoncés 27% plus élevés que le chiffre réel. Nous ne l’apprenons que maintenant.»
Le 11 septembre 2023, L’Impertinent a publié un article regroupant l’auto-analyse des principaux rédacteurs en chef suisses-romands sur leur travail pendant cette période. Pour la grande majorité d’entre-eux, on est loin de la remise en question. Force est de constater que le fossé que creusent méticuleusement les journalistes avec leur public n’est pas près de s’amenuiser.
Politique de l’autruche
Pourtant, ces mêmes journalistes ne cessent de souligner les problèmes de santé mentale dans la population. Les jeunes vont mal. Pas exclusivement, mais proportionnellement. Les articles de presse qui relatent la détresse des ados se succèdent, dans les mêmes pages qui ont contribué à paver la route de ce mal-être.
La défiance de la population envers la presse interroge et inquiète également au sein des rédactions. Beaucoup ne voient pas le lien, d’autres le nient, l’éludent ou le balaient d’un revers de main.
Dans une interview avec le journal Le Temps, la sociologue Laurence Kaufmann expliquait récemment la haine ambiante en ces termes: «La pandémie a mis à l’épreuve le fonctionnement ordinaire de notre démocratie. Elle a supprimé les espaces publics d’expression citoyenne, qui agissent comme des tampons entre la population et les autorités. Il y a eu, en grande partie pour de bonnes raisons, un alignement entre la voix des autorités et celle des médias, qui sont devenus le relais privilégié des prescriptions sanitaires. Pendant longtemps, les voix dissonantes ont été condamnées au silence. Aussi justifiée soit-elle, cette parenthèse a cristallisé et amplifié la défiance diffuse à l’égard des pouvoirs en place.»
Sauf que les raisons n’étaient pas bonnes et la parenthèse injustifiée. Comme nous sommes de plus en plus nombreux à le réaliser. Nous n’avons pas fini de payer les conséquences des décisions aberrantes et inutiles qui ont été prises pendant trois ans. Ni du climat anxiogène alimenté par ceux qui sont censés être les chiens de garde de la démocratie. Faire le lien entre le pouvoir et la population et qui ont trahi leur mission pendant trop longtemps.
Eviter un deuxième round
Je ne compte plus le nombre de collègue qui m’ont conseillé de «passer à autre chose», de parler d’autres sujets, pour sauver ma carrière. Et si L’Impertinent sera forcément amené à se diversifier et traiter d’autres thèmes – car il se passe heureusement bien d’autres choses en ce bas monde – il ne cessera jamais sa veille sur les sujets Covid. Parce qu’il est hors de question que les mêmes erreurs se reproduisent dans le cas où une situation similaire se présenterait à nouveau.
Et parce que je préfère sauver mon âme que ma carrière.
Les personnes qui ont souffert et qui n’ont pas été entendues mais plutôt traitées comme des sous-citoyens méritent que l’on ne sous-estime pas leur peine.
Ces personnes ont vécu un traumatisme profond. Elles ont compris que ceux en qui elles avaient mis leur confiance pouvaient subitement piétiner la démocratie, leur liberté et les avancées sociétales péniblement amassées jusqu’ici pour des raisons injustifiables à long terme. On ne se remet pas facilement d’un tel événement. Et, surtout, on a besoin que notre mal-être soit reconnu pour pouvoir tourner la page. Ce que les médias n’ont habituellement pas de mal à comprendre lorsqu’il s’agit de tous les autres objets.
C’est bien simple, il n’y aura pas d’oubli tant que personne n’aura demandé pardon.
j'ai aussi du mal à décrocher de toute cette affaire. les gens ne se rendent pas compte de ce qui s'est réellement passé. à quel point le basculement dans le totalitarisme n'était absolument pas fondé et continuellement alimenté par des mensonges.
cet événement aura rendu plus visibles les forces de l'ombre sous-jacentes permettant aux médias attentifs d'alerter l'opinion publique.
aujourd'hui plus que jamais c'est important de continuer la bataille. il se passe toujours énormément de choses autour de ce thème. et sans vouloir être vindicatif c'est simplement un travail honnête d'investigation pour remonter toute la mauvaise gestion pour qu'au moins on admette les erreurs commises. seulement les gens au pouvoir n'admettront jamais leurs fautes, c'est leur mort politique assurée. trop contents qu'ils sont que l'intérêt collectif soit porté sur d'autres thèmes. il n'existe alors que les journalistes pour permettre à la vérité d'être établie. le quatrième pouvoir!